Corno Stella - le Dièdre Rouge.
Antoine Rolle dans le légendaire toit de sortie, qui demanda aux ouvreurs la mise au point d'énormes coins de bois réglables.
Itinéraire exceptionnel et mythique des Alpes du Sud, le Dièdre Rouge offre 300 mètres d'escalade qui se divisent en deux parties distinctes. Dans le socle, on évolue généralement dans un terrain où le rocher est parfois incertain, pour accéder facilement à la base du grand dièdre de la face nord du Corno Stella. Lorsqu'on entame le dièdre proprement dit, l'ambiance change radicalement. Le rocher devient meilleur, se redresse fortement jusqu'à devenir souvent déversant et c'est une escalade éprouvante, majoritairement en larges fissures, qui attend ses prétendants. A la difficulté de l'escalade s'ajoute une incompressible charge de matériel, qu'il faudra gérer par du hissage dans les longueurs déversantes.
La difficulté obligatoire tourne autour du 6b/6c et demande une bonne maitrîse de l'escalade en fissures larges.
Un peu d'histoire...
Aller au Dièdre Rouge, c'est aussi se frotter à un morceau d'histoire de l'alpinisme dans les marittime, à la grande époque des directissimes. Bien que le sommet soit italien, ce sont surtout des Français qui ont choisi ce jardin minéral pour s'illustrer.
La première ascension du dièdre est l'oeuvre de la forte cordée méridionale, composée de Franck Ruggeri et Didier Ughetto, en juin 1962. Après de nombreuses tentatives, ils sortirent la voie en 32 heures d'escalade, non sans avoir spécifiquement conçu de larges coins de bois réglables qui leur permirent de venir à bout du grand toit de sortie.
Neuf années plus tard, en 1971, Jean Gounand et Georges Grisolle s'offraient la première hivernale, en choisissant une façon originale de réveillonner, du 23 au 25 décembre.
Une telle voie ne pouvait laisser indifférent le grand Patrick Bérhault, qui fit la première ascension en libre, la première solitaire et la première hivernale en solitaire. Rien de moins.
A la fin de la décennie 2000, une ascension de grande classe marqua également les mémoires. Le grimpeur piémontais, Spirito Pettavino, s'offrit le dièdre en solitaire... à l'âge de 70 ans ! Respect.
Enfin, plus récemment, Symon Welfringer et Xavier Cailhol ont réalisé la première ascension hivernale libre, le 22 décembre 2018.
Fiche technique : Corno Stella - le Dièdre Rouge.
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Difficulté
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ED - VI+/A2 ou 7a+ en libre.
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Dénivelée
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300 m pour l'escalade proprement dite + 400 m de couloir du Lourousa + 1000 m d'approche. |
1ere ascension
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Franck Ruggeri et Didier Ughetto, 11 au 13 juin 1962.
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Equipement et matériel
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Quelques pitons et coins de bois en place.
Deux jeux complets de friends jusqu'au n°6 indispensables, quelques pitons, étriers, corde de hissage. Les Camalot n° 7 et 8, désormais proposés par Black Diamond seront utiles dans le toit, en fonction de l'équipement en place.
Piolet et crampons, pour l'approche dans le couloir du Lourousa. |
Horaire
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Compter une bonne journée d'escalade.
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Orientation |
Nord-est. |
La course clés en main
Approche : laisser la voiture à Terme di Valdieri, parking (payant) à côté du pont (1360 m). Un panneau indique le sentier qui remonte le vallon du Lourousa. S'élever dans la forêt puis dans des prairies alpines jusqu'au lagarot di Lourousa. Après ce petit lac, prendre la sente à droite, qui amène au bivouac Varrone (2280 m), où on peut idéalement passer la nuit (8 couchages, couvertures). 2 h 30.
Gagner le couloir du Lourousa et le remonter sur environ 400 m. Dépasser la base du Dièdre Rouge, bien visible, après les premiers ilôts rocheux du couloir, pour trouver l'attaque (voir photo ci-dessous), marquée par des bâtons et un coin de bois. 1 h 30 du bivouac Varrone.
Itinéraire :
- L1 : de l'attaque partir à droite vers un dièdre qu'on surmonte (IV+). Traverser la vire qui suit à droite où on trouve le R1.
- L2 : traverser en ascendance à droite puis remonter le dièdre qui suit sur toute sa hauteur (IV+).
- L3 : continuer droit au-dessus du relais jusqu'à une vire confortable où on fait le relais (IV+).
- L4 : remonter le dièdre au-dessus du relais par sa partie droite, une dalle licheneuse (IV+). Relais sur une banquette, 20-25 m à gauche de la base du dièdre.
- L5 : traverser en ascendance à droite jusqu'à la base du dièdre (IV). Relais sur un énorme bloc.
- L6 : surmonter une fissure inclinée (V+, coin de bois), suivie d'une fissure verticale difficile (VI+, A2), à protéger sur gros friends.
- L7 : traverser à gauche une dalle délicate puis remonter dans une fissure déversante exigeante où pend une corde fixe (VI+/A2). Relais au niveau de l'attache de la corde (pitons, bons emplacements de friends).
- L8 : traverser à gauche et s'engager dans le système de fissures qui remonte jusqu'à la niche du grand toit (VI+/A2) où on trouve un relais (cric, pitons, friends, guano !).
- L9 : traverser le toit à gauche (V/A2, coins de bois, friends n° 5 et 6 doublés indispensables, n° 7 et 8 utiles), finir en rampant dans la fissure puis se rétablir sur une dalle facile, où on trouve un bon relais (4 pitons). Paraît que c'est du 7a+ en libre, si ça vous chante !
- L10 : partir en ascendance à droite dans un dièdre au rocher douteux (V+/6a) et se rétablir sur le plateau sommital, quelques mètres sous la croix.
Descente : gagner la base du plateau sommital pour aller chercher les rappels de la face sud-ouest. Il y a deux lignes de descente très bien équipées sur chaines et spits, dans les voies Campia et Barone rampante, chacune en 3 x 50 mètres, marquées par des cairns. Au pied des rappels, descendre dans la gorge bien marquée, au sommet de laquelle on trouve encore un rappel. A la base du rappel, suivre le sentier bien marqué sur la vire, au bout duquel on trouve un cinquième et dernier rappel qui dépose sur l'éboulis au pied de la paroi (tracés détaillés des descentes). Par de vagues sentes puis pavage de gros blocs, gagner le refuge Bozano, où on trouve de la bonne bière. Du refuge, il ne vous reste plus qu'à descendre au Gias delle Mosche où on retrouve la route. Regagner Terme di Valdieri à pied ou en stop.
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